Notre-Dame du SC dans le monde

Au point de départ une femme désemparée, n'arrivant plus à faire face, vient déposer dans l'église de Richelieu (Touraine) un couffin avec son enfant.

Elle le laisse quelques instants au pied de la statue de Notre-Dame des Miracles. Il s'agit du petit Jules Chevalier, futur fondateur des Missionnaires du Sacré-Cœur. Alerté par les pleurs de l'enfant, le curé de la paroisse vient voir ce qui se passe et Madame Chevalier lui explique sa situation. Elle n'arrive plus à joindre les deux bouts, comme on dit. Désormais, Monsieur le curé veillera sur Jules en aidant la famille de son mieux, jusqu'au moment où celle-ci déménagera pour le Berry et s'installera à Vatan.

J'aime à penser que cet événement, pas si anodin, a été pour le P. Chevalier sa première rencontre avec la Vierge Marie. Ses gazouillis de nourrisson ses premières prières adressées à notre Mère du Ciel. Quoi qu'il en soit, il restera marqué par la précarité de la famille. Il se sait redevable à la Vierge Marie des faveurs dont il bénéficiera durant sa vie.

Une autre grande étape marquera ce lien privilégié du P. Chevalier avec Notre Dame. Sans l'avoir cherché, pour sa plus grande joie, il est nommé vicaire à Issoudun à l'automne 1854. Accueilli par l'abbé Crozat, curé d'Issoudun, il se retrouve avec son ami de séminaire : l'abbé Maugenest. Se souvenant de leur rêve de séminaristes – établir une œuvre missionnaire en Berry aux dimensions internationales –, leur commune nomination à Issoudun leur paraît opportune pour commencer.

Le père Chevalier écrit un contrat à l'adresse de la Vierge Marie afin de lui signifier clairement le projet envisagé. L'article 3 indique bien la place et le rôle de Marie dans la vision missionnaire des deux hommes : « Par reconnaissance pour Marie, ils la regarderont comme leur fondatrice et leur souveraine, l'associeront à toutes leurs œuvres et la feront aimer d'une manière spéciale ».

N'oublions pas que nous sommes à la veille de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par le pape. Toute l'Église se prépare à vivre ce moment solennel par la prière. À Issoudun, les pères Chevalier et Maugenest commencent une neuvaine de prière au Cœur Immaculée de Marie. Le 8 décembre, après la messe, une personne se présente à la sacristie et offre la promesse d'un don substantiel pour une œuvre missionnaire. Notre Dame vient de répondre aux attentes du P. Chevalier. À lui maintenant de tenir sa promesse : « la faire honorer d'une manière spéciale ». Cela arrive en son temps, en 1857. Il dévoile le nom de « Notre-Dame du Sacré-Cœur ». On s'exclame autour de lui, on n'a jamais donné un tel nom à la Vierge Marie. Un peu comme Syméon à la naissance de Jean-Baptiste, le P. Chevalier confirme qu'elle s'appellera bien : N.-D. du S.-C. Du reste, il s'en expliquera plus longuement dans un article qui paraîtra en mai 1863 dans la revue jésuite Le Messager du Sacré-Cœur (revue de l'apostolat de la prière, publiée à Toulouse par le P. Ramière, sj). Cet écrit aura un retentissement impressionnant en France et dans le monde par l'entremise des communautés jésuites. Jusqu'au soir de sa vie, le P. Chevalier n'aura de cesse d'expliquer et d'approfondir ce qui fut (aux dires du cardinal Etchegaray) « un coup du Saint Esprit » en son cœur de missionnaire.

J'ai la conviction que cette intuition spirituelle, ce regard particulier, sur Marie en relation avec Jésus, prend racine à Richelieu près de Notre-Dame des Miracles, lorsque Jules se confie à elle par l'entremise des cris d'un nourrisson !

Nous possédons, à Issoudun, un registre ancien, qui indique pour chaque département français, les églises et monastères qui possèdent une statue de Notre-Dame du Sacré-Cœur ou un vitrail la représentant. Nous avons raconté, dans les Annales de mai 19xx, comment l'abbaye de Belloc a accueilli la première image de la Vierge d'Issoudun et comment Marie est demeurée seule au monastère alors que l'enfant placé devant elle a participé à la mise en place de l'abbaye « del niño » en Argentine.

On peut dire que, dans la vie du père Chevalier, Notre Dame aura précédé son œuvre missionnaire pour lui-même, mais aussi pour ses fils et filles. En effet, plus d'une fois, lorsque nous avons accepté une nouvel apostolat missionnaire, Marie était présente par une statue ou une image d'Issoudun.

Si Notre-Dame du Sacré-Cœur « a vu le jour » à Issoudun, sous l'impulsion de notre fondateur, il faut reconnaître qu'elle n'est pas attachée à cette ville. D'une part, le P. Chevalier n'aimait pas qu'on dise « Notre-Dame d'Issoudun » ou les « Missionnaires d'Issoudun ». Il rappelait avec véhémence : « Nous sommes du Sacré-Cœur, pas d'Issoudun ». De fait, la Vierge Marie n'est pas liée à un lieu comme pour telle ou telle apparition : « Notre-Dame de Lourdes ou de Fatima ou de La Salette ». J'aime dire qu'elle est Notre Dame de quelqu'un : le Christ à qui elle nous conduit. Elle semble nous dire : « Ce n'est pas moi qui suis la plus importante, c'est Lui. C'est Lui qu'il faut suivre, aimer, et servir. Faites comme moi ! »

Cette perspective fait que la dévotion à Notre-Dame du Sacré-Cœur a créé des représentations différentes à travers les pays, les cultures. L'important étant de respecter l'intuition initiale du P. Chevalier où Marie nous montre son Fils et où Jésus montre son Cœur et sa Mère. À Issoudun même, il y a trois manières de la représenter. Comme à la chapelle des lampes rouges : Marie debout nous présente l'enfant debout devant elle, il a 12 ans et est donc adulte selon la Loi juive. Comme à la crypte où elle est dans une représentation plus habituelle : Marie porte l'enfant dans ses bras. Et comme à la basilique : Marie debout au pied de la croix.

Je me souviens que le P. Philippe Séveau aime rappeler que N.-D. du S.-C. en style papoue porte l'enfant à la manière des femmes du pays. Nous avons la même inculturation aux Philippines où Marie est revêtue des plus beaux habits que les femmes mettent lors d'une festivité. En Afrique du Sud, un artiste a su traduire avec beaucoup de délicatesse la première représentation de N.-D. du S.-C., comme à la chapelle d'Issoudun. Chaque pays a imaginé avec talent l'intuition du P. Chevalier pour honorer, selon son souhait, Notre-Dame du Sacré-Cœur. Il faudrait plusieurs numéros des Annales pour pouvoir présenter cette variété en mettant sur une page l'image, la statue, et sur l'autre l'explication. C'est sans doute un livre à réaliser. Pour l'heure, j’espère vous avoir mis en appétit.

Daniel AUGUIÉ, msc

NDSC à travers le monde (article paru dans les ANNALES d'Issoudun de mai 2016)

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