il y a un slogan qui s’est répandu comme une traînée de poudre : « on ne lâchera rien ». Et pourtant lâcher quelque chose, par exemple une prise, est le seul moyen pour l’alpiniste de progresser vers le sommet. Deux mains, deux pieds, ça fait quatre prises : pour avancer, pour monter, l’alpiniste doit sans cesse lâcher une prise et maintenir les trois autres. Si l’alpiniste disait : « je ne lâcherai rien », il ferait du sur-place, finirait par se fatiguer , et donc tout lâcher et dégringoler !
Le slogan « je ne lâcherai rien » relève donc, soit de la volonté de faire du sur-place, du rond-point, soit du désir même inconscient de tout lâcher, en laissant dégringoler la violence des casses en tous genres. Non, décidément, pour avancer, pour progresser, il faut lâcher prise, ou du moins lâcher certaines prises. C’est ce que je me suis dit à propos des amitiés sur facebook. Car j’ai un peu l’impression que sur les réseaux sociaux, les amis ne nous coûtent pas très cher. Un « click », et voilà de nouveaux amis. Et « les amis de nos amis deviennent nos amis », à tel point que je me demande pourquoi le monde n’est pas déjà un monde nouveau de fraternité ! Peut-être parce que nous sommes en pleine supercherie, et que nous mettons sous l’appellation d’amis, à peu près tout et n’importe quoi et n’importe qui. Alors, j’ai décidé de lâcher prise, de lâcher des « amis » pour n’en conserver plus que quelques-uns. Et depuis lors, je me sens mieux, je me sens revivre, j’ai l’impression de grandir en amitié. Vive le lâcher-prise !
Vive le lâcher-prise !
03 mars 2019
Vous vous en êtes aperçus comme moi avec les gilets jaunes,
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