II s’y appliquait avec beaucoup de soins et d'attention. Pour l'en récompenser, le commerçant descendit d'une étagère une grosse botte de caramels, l'ouvrit et la présenta à l'enfant. "Sers-toi, petit !", lui dit le commerçant. L'enfant prit un caramel, mais le commerçant l'encouragea. "Prends tout ce que ta main peut contenir." - Le gamin refusa et demanda plutôt au commerçant de prendre lui-même les caramels avec sa main. - "Et pourquoi ?" dit le commerçant - "Parce que tu as la main plus grande !", dit le gamin.
En ce temps de Pâques, cette petite histoire peut nous rappeler qu’il y a dans l’évangile quelque chose d’un peu semblable, à savoir Jésus, le berger, qui veut donner la vie en abondance, et des brebis qui, sans doute aussi, désirent obtenir cette vie en abondance. Avec cette petite différence : l'évangile met en scène deux sortes de bergers. D’une part le berger Jésus qui donne vraiment la vie en abondance, et les brebis qui suivent ce berger et qui lui disent: "donne-nous ta vie, mais avec ton cœur, parce qu'il est plus grand que le nôtre". Et il y a les moins bons bergers comme les pharisiens, qui croient donner la vie en abondance, et qui, en fait, ne donnent qu'un fardeau pénible à porter, car la vie, pour eux, n'est plus que l'observance de lois sans esprit et sans cœur, sans amour. IIs sont le commerçant qui ne donnerait qu'un caramel ou deux, parce que la loi du marché le veut ainsi : au-delà de deux, il faut payer ! Et les brebis alors seraient comme le gamin qui ne prendrait les caramels qu'avec sa main, parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, parce qu'on ne compte que sur soi et non sur l'autre, parce qu'on se contente de sa petite vie et qu'on n'accueille pas ce qui vient des autres.
Alors, il me semble qu’en ce temps de Pâques et de printemps qui revient, il serait bon que nous soyons capables d’accueillir la vie en abondance. Une vie marquée par la liberté : attention aux gourous de toutes sortes, y compris politiques ! Une vie marquée par la gratuité : car le don payant n’existe pas, le don intéressé n’est plus un don. Aujourd’hui, nous n’avons pas oublié la liberté, mais nous avons un peu oublié la gratuité, préoccupés que nous sommes, légitimement ou pas, par le pouvoir d’achat et l’état de notre compte en banque !
Vie libre, vie gratuite, vie donnée par Dieu à nos cœurs parfois terriblement rabougris ; vie que nous sommes appelés à donner par nos mains, mais avec le cœur de Dieu, ce qui risque de donner des résultats nettement plus époustouflants. Alors bonne et vivante fête de Pâques !
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