Une bien mauvaise distinction

15 mars 2022
Y a-t-il à distinguer bon et mauvais troc ?

Il y a une chose assez étonnante qui se passe en ce moment-ci :

l’Etat organise de l’aide humanitaire pour aider les polonais à accueillir les réfugiés ukrainiens de plus en plus nombreux et en même temps il ordonne sans vergogne de détruire des tentes abritant d’autres réfugiés fuyant d’autres guerres à l’intérieur de nos frontières. A croire qu’il y aurait des bons et des mauvais migrants : ceux que l’on peut accueillir parce que les gens sont émus aux entrailles et ceux que l’on chasse parce que les gens en ont marre. Et les sondages nous permettent de distinguer les gens émus et les gens irrités. Evidemment, c’est important en période pré-électorale !


« Et c’est ainsi », nous disait le maire de Béziers sur la chaîne LCI le mercredi 9 mars, « qu’il y aurait deux sortes de victimes : des Européens chrétiens qu’il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et musulmans, qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous… Je crois que cette attitude là c’est une faute… » Un élu, qui ose dire qu’il n’a pas commis une erreur mais une faute, c’est absolument extraordinaire : avouons que cela n’arrive pas tous les jours. Ce qui laisse supposer que distinguer les bons et les mauvais migrants n’est peut-être pas la meilleure chose à faire, même dans un pays pétri de « laïcité anti-religieuse ».


Et personnellement en tant que chrétien, je dirais qu’une telle façon de faire est profondément antiévangélique. Tout simplement parce qu’un chrétien, c’est quelqu’un qui a rencontré le Christ et qui cherche à l’imiter, à assumer son style de vie, sa manière d’être en relations avec Dieu, avec la Création et avec les autres. Et son style de vie n’a pas consisté à distinguer les bons croyants pharisiens et scribes des mauvais croyants samaritains et païens. Au contraire il a toujours loué la vérité, la bonté, la foi et la sainteté de personnes loin du peuple d’Israël, loin des croyances, et parfois fort peu recommandables…


Alors, en conclusion, je citerais volontiers Mgr Benoît de Sinety qui, dans l’un de ses billets, dit ceci : « Ce qu’on pourrait attendre d’un pays pétri par l’Évangile notamment, c’est qu’il ne distingue pas entre les hommes et qu’il applique la loi avec équité. Et qu’à défaut, ceux qui y vivent et se reconnaissent comme disciples de Jésus aient au moins la force de ne pas sombrer à leur tour dans ce reniement de soi. »

Messes - Lampes - Revue Les Annales d'Issoudun

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