que nous allons très bien, car rien de nouveau ne s’est passé depuis notre dernière entrevue : l’eau coule de moins en moins sous les ponts, il fait de plus en plus chaud, les arbres fruitiers se sont déjà parés de leurs atours fleuris, c’est beau mais ça sent la catastrophe du gel annoncé ! Non, décidément rien de neuf, puisque tout est comme l’année précédente ou à peu près. Ce « rien de neuf » exprime le désenchantement, la répétition du même, l’absence de possibilité de changement.
« Rien de neuf » pour dire aussi que nous sommes « in » ou dans le vent du souci de la protection de « notre maison commune », et que, pour cela, nous n’achetons plus rien de neuf, nous changeons de réflexe, nous investissons dans les biens d’occasion, bref nous devenons des consommateurs avisés. Et dans ce cas, rien de neuf sur nous ou dans nos mains, mais quand même une sacrée nouveauté qui est de changer de comportement, de mode de vie ! Du coup, « rien de neuf » ne veut plus exprimer le désenchantement, mais au contraire l’espoir d’un futur plus enchanteur.
Alors « Rien de neuf » pour dire quoi ? Pour exprimer son dépit, sa désillusion, ou au contraire pour crier son désir d’innovation, de création, de changement, de vision ? Car il s’agit peut-être bien d’une question de vision. Yves Duteil nous le dit à sa manière : « La merveille n’est pas toujours dans ce qu’on voit. Elle est souvent dans l’œil qui regarde ». C’est ce que fait Jésus devant la femme adultère, devant Zachée, devant les pécheurs nombreux qu’il rencontre : son œil regarde la merveille de leurs cœurs.
Et nous le savons, il n’est pas facile d’avoir cet œil qui sait regarder derrière les apparences. Comme le dit le Père louis Raymond dans l’une de ses homélies : « Est-il facile pour nos yeux de terriens de voir pointer la nouveauté de Dieu : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » Il faut de bons yeux pour voir dans ce monde fou cette fameuse chose nouvelle que Dieu vient instaurer dans nos vies. » Il faut des yeux qui savent regarder comme les yeux de Jésus, « il faut voir avec les yeux du cœur », dirait Saint-Exupéry !
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