Les scandales dans l’Eglise continuent, non seulement à nous stupéfier, mais surtout à nous interroger et à nous remettre en question. Les grèves à répétition et de plus en plus « jusqu’au boutistes » semblent remplacer la démocratie parlementaire. Les guerres à n’en plus finir, un peu partout dans le monde, et qui sont, dans la plupart des cas, le fruit de décisions imbéciles tendant à satisfaire des « égos » en quête d’épanouissement. Et puis toutes les catastrophes naturelles comme le séisme récent en Turquie et en Syrie, et tant d’autres choses qui donnent l’impression que tout va de travers.
Et pourtant, cela n’a pas empêché Eric-Emmanuel Schmitt, dans son roman « Oscar et la dame rose », d’affirmer ceci : " J'ai compris que tu étais là. Que tu me disais ton secret : regarde chaque jour le monde comme si c'était la première fois. Alors j'ai suivi ton conseil et je me suis appliqué. La première fois. Je contemplais la lumière, les couleurs, les arbres, les oiseaux, les animaux. Je sentais l'air passer dans mes narines et me faire respirer. J'entendais les voix qui montaient dans le couloir comme dans la voûte d'une cathédrale. Je me trouvais vivant. Je frissonnais de pure joie. Le bonheur d'exister. J'étais émerveillé."
Peut-on vraiment s’émerveiller devant un monde qui semble aller si mal ? Comme disait le psychologue américain Abraham Maslow : « Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou ». Eric-Emmanuel Schmitt nous dit que nous avons aussi un autre outil, c’est le regard. C’est vrai que c’est un outil à deux tranchants, pourrait-on dire. Le regard peut tuer en tapant comme sur un clou. Il peut aussi voir le merveilleux dans ce qui semble ne pas l’être, et du coup un problème n’est plus un clou, mais une réalité fragile à caresser.
Un texte tiré des « Sagesses amérindiennes » nous dit ceci : "Ne respecte pas les individus pour leurs bavardages, leur agitation stérile, mais pour leur qualité d'être, pour la petite musique qu'ils ont gardée au fond d'eux-mêmes. Cette étincelle d'or est un vestige de l'ancien pouvoir. Elle se met à briller dans certaines circonstances, malgré eux." Cette sagesse pourrait donc nous suggérer : « Respecte le monde, non pour ses turpitudes et tout ce qui ne va pas, mais respecte le pour ce qui va, pour cette qualité d’être inscrite au fond de lui et qui est comme une étincelle d’or, qui peut briller dans certaines circonstances et que ton regard peut percevoir ». Par exemple, savons-nous reconnaître des moments où tout se passe bien, et savons-nous en parler pour s’en émerveiller avec d’autres ?
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