Quand le sourire fait vivre

Franchement je n’aime pas du tout les célébrations où le célébrant a un visage rigide, où ses gestes sont raides et peu naturels, où son regard ne reflète pas la joie intérieure de l’espérance. Tout compte fait, je préfère le « sourire commercial » qui, certes, est fort intéressé, mais au moins offre plus de chaleur qu’un visage fermé perdu dans les profondeurs du sacré.

Ce que j’aime, c’est le sourire qui accueille, invite, appelle à vivre et à faire vivre. A l'exemple de ce lépreux qui, malgré sa maladie, gardait ses yeux clairs, parce que, chaque jour, par-dessus le mur très haut de la léproserie, un visage lui apparaissait. Un petit bout de visage de femme qui souriait. Ce sourire, pour le lépreux, c'était le pain de sa force et de son espoir. A son tour, il souriait, et le visage disparaissait. Alors le lépreux recommençait son attente jusqu'au lendemain. Et c'est pour ça que ses yeux restaient clairs. "Parce que, chaque jour, lorsque je la vois, je sais par elle que je suis vivant", disait ce lépreux à ceux qui s'étonnaient de la clarté de son regard.

C’est vrai, si j’aime tellement un sourire en face de moi, c’est pour ça : je sais par ce sourire, que je suis vivant. Et à chaque célébration, je devrais pouvoir dire en regardant le célébrant souriant : « je sais par ce sourire que le Christ est vivant en lui, et qu’il est vivant en moi et dans mes frères et sœurs ». Car le sourire, avec des yeux pétillants de joie, c’est un sourire qui vient du dedans et qui exprime la présence vivante du Christ ressuscité, une présence qui nous fait vivre et nous appelle à faire vivre.

Un tel sourire n’est pas là pour être agréable en société, même si cet effet secondaire n’est pas négligeable. En ce qui me concerne, il est essentiellement là pour me permettre de semer l’espérance. Car ce qui est en jeu dans nos célébrations, dans nos rencontres et tout simplement dans nos vies si diverses, c’est l’espérance, c’est notre bonheur et celui des autres. Et pour cela, disait sainte Catherine de Sienne, « dilatez votre espérance ! »