Ouvrez les portes

25 février 2023
Porte ouverte vers la lumière de la fraternité

Le mur de Berlin, disparu dans les années 90, avait été construit

pour empêcher les habitants de l’Allemagne de l’Est de sortir de leur pays. Les nouveaux murs, comme ceux des Etats-Unis sur leur frontière avec le Mexique, ou ceux de l’Inde sur sa frontière avec le Bangladesh, sont fait au contraire pour empêcher les gens de rentrer. Les anciens murs avaient été conçus pour emprisonner et empêcher tout ce qui pouvait ressembler à des mouvements de libération. Les nouveaux murs sont faits pour protéger contre toutes les invasions de migrants, de terroristes, de criminels de toutes sortes.

Désormais, ce qui fait peur, c’est donc ce qui vient de l’extérieur et qui risque de nous envahir, de déranger nos « prés carrés », d’agresser nos zones de confort, ou d’être tout simplement un danger pour notre sécurité. Du coup, non seulement on construit des nouveaux murs, mais on crée des haies de séparation protégeant les propriétés, on invente des dispositifs de sécurité « very » sûrs, on multiplie les caméras de vidéosurveillance, et on peut d’autant mieux faire la « fête des voisins » lorsque ces voisins sont « voisins vigilants ».

Et en plus, il y a un phénomène tout à fait nouveau, c’est celui des réseaux sociaux. Car, à leur tour, les réseaux sociaux permettent d’ériger un mur qui s’appelle la distance. Cette distance donne en effet la possibilité de choisir nos interlocuteurs et de ne garder que ceux qui pensent comme nous. La distance est donc comme un mur qui sépare les « bons » des « mauvais », les « amis » des « ennemis », les « dangereux » et « fous furieux » de ceux qui restent calmes et sereins. La conséquence, c’est que cela nous coupe de tout ce qui pourrait  enrichir notre pensée grâce aux avis contraires et évidemment dérangeants.

Construire des murs ne date donc pas d’aujourd’hui. A chaque époque les relations de tous ordres ont été plus ou moins conflictuelles, et à chaque époque on a inventé des « murs » de tous ordres pour notre protection. Alors la question importante me semble être celle-ci : quand on construit des murs, pense-t-on à y mettre des portes ? Car une porte fermée est déjà signe d’espérance d’une porte ouverte. Et quand une porte s’ouvre dans un mur, cela annonce une fraternité possible, dans le sens du cantique AT 20 d’Isaïe 26 chanté aux Laudes du mardi de la troisième semaine : « Nous avons une ville forte ! Le Seigneur a mis pour sauvegarde muraille et avant-mur. Ouvrez les portes ! Elle entrera la nation juste qui se garde fidèle. »

 

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