on passe à un temps de purification pour atteindre la pureté intégrale. Ce temps de purification s’appelle le « déboulonnage » : toute statue faisant penser à de l’impur, de l’imparfait, à « du pas tellement saint que ça », doit être « déboulonnée » et abattue. C’est d’autant plus vrai que c’est la rue qui le dit, et quand la rue le dit, en général les médias appuient. Cette obsession du pur et du parfait a quelque chose de pathétique, et les commentaires de tous bords sont allés bon train, pour en décrypter la signification.
Je me contenterai donc ici de relever une seule chose : en ces temps où on se lamente de la pandémie ou du racisme, et où, pour lutter contre ces maux, on veut déboulonner les statues, il est peut-être bon de nous rappeler que si seuls les purs méritent une statue, on va vite manquer de statue. Oui, rappelons-nous que les héros ne sont pas des saints, et que d’ailleurs, même les saints ne sont pas tous irréprochables. On a même dit de certains d’entre eux « qu’avant même d’être des héros, ou parfois en même temps, c’était des salauds ». Autrement dit, à ne vouloir récompenser que les purs et les parfaits, on risque de ne plus avoir de statues, de ne plus pouvoir faire de cérémonies du souvenir, et surtout de ne plus célébrer le 14 juillet dont les défilés militaires ne révèlent pas toujours des moments glorieux de l’histoire.
Bon ! Heureusement, cette année, le 14 juillet sera davantage une journée de reconnaissance pour ces héros qu’ont été les soignants et les humbles serviteurs de l’Etat durant le confinement (éboueurs, personnel des hôpitaux, etc…), en sachant qu’aucun de ces héros n’est parfait. Et c’est peut-être même grâce à ces imperfections que nous pouvons nous reconnaître en eux, sachant que les héros et les saints sont des gens de conviction ou de foi, qui, comme un arbre qui porte beaucoup de fruits, ont les pieds enracinés dans la terre et la tête tournée vers la lumière, celle de la vie donnée pour faire vivre.
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