se rend chez un féticheur._ _Le féticheur fait deux petits cercles ; l'un avec une craie blanche et l'autre avec une craie noire._ _Le féticheur sort ensuite un millepattes et le dépose entre les deux cercles._ _Il dit à l'Homme: "si l'insecte entre dans le cercle blanc tu auras un destin merveilleux mais si c'est le cercle noir ton destin sera sombre"._ _Malheureusement, l'insecte se dirige vers le cercle noir, alors l'Homme le prend et le dépose dans le cercle blanc._ _Furieux, le féticheur lui demande la raison de cette action._ _Et l'Homme de lui dire:_ Je ne resterai pas là à regarder mon destin s'assombrir, il est dans ma main et je suis bien capable de le changer.
Mon destin est dans ma main, nous dit doctement cette petite histoire. Est-ce que ça expliquerait ce que l’on voit tous les jours dans la rue, dans les trains, et même au volant dans les voitures, je veux dire toutes ces personnes passées en compagnie exclusive d’un téléphone ? Je tiens mon téléphone et donc je tiens mon destin. Je suis maître de la situation, même si je ne suis plus très maître, ni de ce qui se passe autour de moi, ni de ce qui se passe en moi. A tel point que je me suis posé une question : mais que faisaient donc les gens avant le smartphone ? La réponse est à chercher tellement loin dans le passé, que je me demande si c’est bien vrai qu’à une certaine époque, on pouvait maîtriser son destin autrement qu’en épousant un téléphone !
Et pourtant c’est bien vrai qu’à une certaine époque, au lieu d’épouser son téléphone, on se regardait face à face pour se parler. Et puis aussi on prenait le temps de penser, de réfléchir, de rêver à des mondes meilleurs et pour cela de boire un bon coup avec des amis : et pendant ce temps, justement, on prenait le temps de refaire le monde. Mais voilà, comment prendre ce temps quand notre temps est occupé constamment par le tripotage d’un smartphone ?
C’est vrai que nous pouvons nous réjouir de cette société ultra-connectée qui nous ouvre les horizons incroyables. Un tas de propositions se sont multipliées, et se multiplient encore pour nous donner l’impression de maîtriser notre destin en maîtrisant nos achats, nos rendez-vous et nos horaires pour ne parler que de ces choses banales de tous les jours. Sans oublier non plus des applis nous aidant à rester éveillés, curieux, tout ceci nous donnant l’impression qu’on se soucie de nous. Donc, oui, tout n'est pas mauvais dans ce téléphone qui a changé notre vie ! Mais si nous voulons en faire notre allié pour maîtriser notre destin, il n’y a qu’une voie possible : nous libérer de ce téléphone considéré comme une idole devant laquelle on se prosterne et en faire un instrument pouvant véritablement enrichir nos échanges et nos relations ! Pour le comment, à chacun de voir, à condition de prendre le temps !
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