Au bout de la longue route sinueuse et montante, je fus récompensé par des panoramas de hautes montagnes à vous couper le souffle à 1800 mètres d'altitude. La Salette 19 septembre 1846. La belle Dame en pleurs a bien choisi son site au cœur de ces alpages déserts pour faire passer son message à deux petits bergers qui ne savaient ni lire ni écrire. A peine savaient-ils le Notre Père et le Je vous salue Marie. Dans les jours qui ont suivi, la nouvelle de l'apparition a attiré des milliers de pèlerins. Aujourd'hui encore, La Salette compte autour de 250.000 pèlerins chaque année.
Ce qui m'a bouleversé, ce sont les larmes de la Vierge Marie qui a pleuré durant tout le temps de l'apparition qui a duré environ une demi-heure. La belle Dame a pleuré parce que "si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils… Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, on ne veut pas me l'accorder : c'est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils. Ceux qui mènent les charrettes ne savent pas jurer sans y mettre le nom de mon Fils. Si la récolte se gâte, ce n'est rien qu'à cause de vous autres. Je vous l'ai fait voir l'an passé par les pommes de terre : vous n'en avez pas fait cas… Il ne va que quelques femmes âgées à la messe. Les autres travaillent le dimanche tout l'été ; et l'hiver, quand ils ne savent que faire, les garçons ne vont à la messe que pour se moquer de la religion…"
La belle Dame dit bien "ce n'est qu'à cause de vous autres" que les récoltes pourrissent et que le blé se gâte. Elle ne dit pas que Dieu punit. Elle nous avertit maternellement avec des larmes : nous sommes responsables des malheurs de la terre. Car, dans la création, il y a une corrélation entre notre conduite morale et ses répercussions sur le climat, la terre, les semences et les récoltes etc. En effet le lien de la vie, c'est la relation, autant à Dieu et à ses commandements qu'à tous les êtres de la création visible et invisible. Briser ce lien, c'est arrêter la vie, c'est programmer la mort.
"Si vous n'écoutez pas cet avertissement, je pleurerai en secret votre orgueil ; mes yeux verseront des larmes, car le troupeau de Yahvé part en captivité" (Jr 13, 17).
C'est le Dieu de Jérémie qui articule ces mots en pleurant.
Notons que la belle Dame a dit : "S'ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en montagne de blé, et les pommes de terre seront ensemencées par les terres."
Oui, il y a un lien de cause à effet entre nos valeurs éthiques et nos choix politiques.
Dans son encyclique "Laudato Si" le Pape François et Jean Marie Pelt se rejoignent pour dire : "la maladie de la terre, c’est celle qui a atteint aussi le cœur de l’homme". Et, l’écologiste qui touche là au sens même de l’homme et de la vie, lance un appel à changer la vie en commençant par changer son cœur.
Si nos larmes pouvaient rejoindre celles de la belle Dame, la création changerait sûrement.
Car, "les larmes sont une eau vive : le signe qu'aucun gel intérieur ne fige l'âme". (Gilbert Cesbron)
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