Son auteur n’était autre qu’Aldous Huxley, écrivain américain bien connu, qui déjà s’élevait contre les projets démiurgiques de la société de son temps. Que dirait-il aujourd’hui, devant les projets d’une société dominée par une technicisation particulièrement déshumanisante, dont les dérives bioéthiques et la démesure du productivisme marchand sont des manifestations éclairantes et alarmantes ?
Et aujourd’hui, tout nous pousse à nous faire croire que cette société est « le meilleur des mondes ». Ainsi la marchandisation de l’humain, du corps et de la vie humaine pour satisfaire des désirs individualistes fait-elle rêver beaucoup de monde. « Demain sera en quelque sorte le meilleur des mondes », pensent certains, « car les désirs de chacun trouveront leur entière satisfaction grâce à des moyens techniques permettant de prendre le contrôle de toutes les réalités humaines pour les travestir ».
Ca y est, nous y sommes : l’homme prend la place de Dieu, l’homme devient Dieu et le but de toute vie humaine consiste à servir la déesse « Technique et Croissance » en mettant de côté tout ce qui pourrait nuire à ce service « divin », à savoir des personnes et des terroirs réputés inadaptés à la réalisation de ce monde meilleur. Autrement dit un « service divin » déshumanisant, pour lequel seul compte un productivisme effréné saccageant à la fois la vie humaine et tout son environnement.
Peut-être serait-il temps de nous réveiller. Pour cela « soyons le changement que nous voulons voir dans le monde », dit Lucien Vidal dans l’un de ses derniers livres. Alors changeons nos modes de vie, reconstruisons du lien social dans des communautés solidaires, sortons de nos désirs individualistes et bâtissons une « maison commune » où tout ce qui est vivant soit au centre. Dans ce cas, il y a des chances qu’apparaisse le meilleur des mondes !
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