LA VIE EST UN DON

de revenir sur le droit des États à interdire l’avortement : « Mon corps m’appartient. » En fait, il s’agit là d’un détournement de slogan, qui avait été créé au départ pour s’opposer à toute violence masculine. Bien sûr il ne viendrait à l’idée de personne d’affirmer que son corps ne lui appartient pas et donc que le corps d’une femme n’appartient pas à la femme ! Mais dans le cas de l’avortement, ce n’est pas seulement le corps de la femme qui est impliqué, mais aussi le corps de l’enfant qu’elle porte.
Merci à Simone Weil d’avoir défendu une loi d’humanité qui dépénalisait l’avortement tout en l’encadrant de façon assez stricte. Ce n’était pas une loi sur le droit de la femme à disposer librement de son corps ni une loi sur le droit des femmes à disposer de la vie et de la mort de l’enfant à naître. Or, aujourd’hui, nous avons l’impression que plus personne ne se préoccupe du droit de l’enfant à naître, mais que, par contre, une partie croissante de la population se préoccupe des droits des animaux.
Finalement, on en revient chaque fois à l’individualisme : « mon corps m’appartient », « ma propriété m’appartient et donc attention chien méchant », « je suis libre et personne ne peut me contraindre à porter un masque », « je fais du bruit et dérange le droit inacceptable de mon voisin à dormir », et on pourrait continuer cette liste indéfiniment, tant l’individualisme règne dans nos esprits, malgré des sursauts lors de certaines catastrophes.
Tout cela pour dire que la vie est un don précieux pour tous, et que, si l’on veut que ce don reste précieux, cela ne doit pas dépendre uniquement des droits individuels et des visions personnelles de chacun. La vie est un don à défendre par tous et donc collectivement : aussi bien la vie de toute la création et de toutes les créatures, que toutes les vies prises individuellement avec leurs joies et leurs détresses. Pour toute cette vie à faire grandir, les efforts de chacun sont nécessaires. Les cœurs étroits, les portes fermées, les murs élevés ne sont pas la bonne voie pour faire jaillir la vie. Car la vie ne m’appartient pas : elle est un don à donner, elle est fraternité !