et, de ce point de vue, il n’est pas certain que hier était mieux qu’aujourd’hui. Ce qui a changé, par contre, ce sont les moyens techniques, permettant pour ainsi dire aux humains d’augmenter leurs capacités, comme aiment à le proclamer les transhumanistes. Autant d’ailleurs les capacités de faire le bien que les capacités de nuire. On a pu s’en apercevoir ces temps derniers à propos d’une vidéo mettant pour ainsi dire fin au respect de la vie privée.
Il y a, derrière ces moyens techniques utilisés, deux sortes de violence, pas nécessairement perceptibles par le commun des mortels, « puisque ça marche » ! D’abord la violence de la vérité imposée : à travers des vidéos apparaissant sur la toile et retweetées des milliers de fois, une nouvelle vision des choses s’impose et est promue au rang de nouvelle vérité infaillible. Effectivement, ça marche, tout le monde suit, donc c’est vrai. La vérité change de nature, elle est tributaire de la toile et du nombre de « retweetages ». C’est une violence, car elle s’impose sous peine de contracter la maladie honteuse de la « ringardise » !
La deuxième violence à signaler derrière l’utilisation des moyens techniques d’aujourd’hui, c’est le fait, comme dit la philosophe Fabienne Brugère, « que ces dispositifs affaiblissent brutalement le lien social, car cela ruine toute possibilité de confiance dans la société». Cela engendre entre autres les jugements à l’emporte-pièce : « les politiciens, tous des pourris », « nous sommes dans un monde de brutes », et d’autres du même genre, qui font que l’autre devient quelqu’un à abattre et non quelqu’un avec qui collaborer pour construire une société juste et pacifique.
S’il est vrai qu’il ne faut pas dénigrer les moyens techniques mis à notre disposition aujourd’hui, n’en faisons pas non plus des idoles. Ils sont bons dans la mesure où ils augmentent nos capacités à aimer, collaborer, faire confiance, pour construire un monde nouveau. La violence qu’ils peuvent faire naître ou ne pas faire naître dépend avant tout des dispositions de notre cœur. Surveillons-le un petit peu : il mérite bien cette attention !
Connexion