Ce souhait est tout-à-fait légitime, dans un monde où l’exclusion nous guette, où le chacun pour soi est prôné, et où certains veulent se retrancher dans des frontières sans âmes et sans respiration permise par l’ouverture.
Dans un monde aussi où la fraternité ressemble à du brouillard. Et là, je cite Mgr d’Ornellas, archevêque de Rennes, qui réagit à l’avis du CCNE (Comité Consultatif National d’Ethique) concernant la future loi en gestation sur la fin de vie. Mgr d’Ornellas dit ceci : « L’Avis du CCNE jette du brouillard sur la réflexion. Il utilise le même mot « fraternité » pour qualifier à la fois l’aide active à mourir et l’accompagnement par les soins palliatifs. »
Autrement dit, lorsque nous désirons un monde plus fraternel, que désirons-nous au juste ? Une société des désirs individuels s’imposant à tous (p. ex. se débarrasser des personnes âgées qui vivent plus longtemps et deviennent des poids, y compris économiques), ou une société de la fraternité accompagnant les plus vulnérables, pas seulement au début ou en fin de vie, mais durant toute la vie et cherchant à marcher ensemble sur la base d’un projet fort et d’une espérance ?
C’est à ce projet fort que les croyants pensent, lorsqu’ils invitent à construire un monde nouveau basé sur la mort et la résurrection du Christ, et donc sur l’amour selon l’Esprit de l’évangile, qui s’exprime par cette invitation de Jésus : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Ce COMME veut tout dire, il veut dire une révolution.
Cette révolution consiste à dépasser tous nos clivages pour y insuffler la puissance de la vie. Benoist de Sinety, dans son ouvrage « Nos sept péchés capitaux » (Flammarion, 2022), dit ceci : « ce ne sont pas les frontières qui nous font hommes, mais notre commune fraternité." Une telle fraternité, permettant la respiration par l’ouverture aux autres, donne à chacun la possibilité de grandir en humanité, de devenir « divinement homme » comme le Christ nous invitant à aimer comme lui.
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