Comment faire pour que les jeunes croient encore à cette chance que nous avons de pouvoir voter ? Commençons par ne pas nous voiler la face : lorsque l’on va voter, il arrive que nous soyons frustrés, car notre choix et celui des autres est toujours imparfait, mais il nous permet à chacune et à chacun de nous exprimer librement et d’exercer notre responsabilité. Et c’est pour cela qu’il faut nous efforcer de ne pas trop chanter le vote comme un droit chèrement conquis, car cela risquerait de le dévaluer.
En effet, nous disposons d’un tas de droits, que rien ne nous oblige à revendiquer. J’ai bien le droit de me nourrir de pizzas du matin au soir, mais en même temps, ce n’est peut-être pas très indiqué, vue mon obésité. J’ai choisi le célibat religieux comme mode de vie : j’aurais pu renoncer à ce droit sans que personne puisse m’en empêcher. Et celui qui décide d’arrêter ses études pour faire un apprentissage, même si son père n’est pas content, peut très bien renoncer au droit de faire des études. Donc avoir des droits est une chose, les revendiquer pour les actualiser est une autre chose. C’est ainsi que nous avons un marché des religions, un marché des spiritualités, un marché des droits. Et dans ces marchés, je choisis ce qui me plaît, quand ça me plaît : ce sont des options à saisir ou non.
Par conséquent, avoir le droit de vote ne va pas nécessairement me donner des ailes pour aller voter. Par contre, ce que l’on peut constater, c’est que les gens, et tout spécialement les jeunes, qui s’engagent pour entreprendre des actions en vue d’aider à accueillir des ukrainiens fuyant leur pays, ou tout simplement en vue d’aider les plus démunis et tous ceux qui ont besoin de leurs bras et de leur présence, ces jeunes-là ne font pas ça parce qu’ils ont le droit de le faire ou parce qu’ils ont le devoir de le faire, mais ils le font parce que ça nourrit leur confiance en l’avenir, en eux-mêmes et dans les autres et que ça leur montre que chaque geste a son importance pour grandir et faire grandir.
La devise de l’idéal stoïcien dit : « supporte et abstiens-toi », ce qui garantit une vie tranquille mais vide de sens. La devise qui devrait être la nôtre pour nous sortir de notre confort et nous bousculer pour aller voter, devrait être : « Engage-toi et ne t’abstiens pas ! ».
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