Jubilez de sa joie, vous qui étiez dans la tristesse ! » C’est l’invitation qui nous est faite par les textes de la liturgie du 4me dimanche de carême, donc du dimanche 19 mars. Quelle belle invitation pour aujourd'hui ! Par delà notre vie troublée, la vie bousculée du monde, cet appel à la Joie fait du bien. « Un saint triste est un triste saint », dit-on. Oui, nous sommes invités à la joie. Nous sommes invités à changer notre regard et à voir les merveilles de nos vies d'hommes et de femmes aimés de Dieu, à voir aussi les merveilles qui nous entourent, la création et tout ce qu'elle renferme.
Evidemment, lorsqu’on est à Paris ou dans certaines autres villes de France avec des poubelles qui s’entassent jours après jours, cette invitation paraît un peu saugrenue ! Car, si l’on écoute les gens, on a plutôt l’impression que ce qu’ils voient, ce ne sont pas des merveilles, mais plutôt des saletés rendant ces villes nauséabondes et franchement peu accueillantes.
Mais à toute chose malheur est bon, comme on dit. Car la grève des éboueurs est proprement une révélation : elle nous révèle ce qu’on n’aime pas voir. Elle nous révèle les fruits merveilleux de notre consommation effrénée. Et lorsqu’on entasse ces fruits, c’est vrai que ça peut sentir mauvais, que ça peut ternir la beauté des lieux, et surtout que ça peut faire fuir l’argent des touristes venus précisément pour s’émerveiller des beautés de nos cités.
Donc soyons reconnaissants à nos éboueurs qui font grève, car quand ils ne font pas grève, ils cachent la vérité sur nous-mêmes. Quand ils travaillent, nous sommes d’heureux consommateurs, et quand ils ne travaillent pas, nous sommes d’affreux consommateurs. Un éditorialiste suisse de l’hebdomadaire « l’Echo Magazine » du 7 mars 2023 posait cette question : « Où sont les phares ? », autrement dit « où sont ces voix fortes qui s’indignent pour que nous nous réveillions ou qui nous réveillent pour que nous nous indignions ? » Nous pouvons donc répondre que les éboueurs en grève font partie de ces phares, puisqu’ils nous éclairent sur ce que nous sommes : des faiseurs de déchets en tous genres. Mais ils nous permettent en même temps de nous réveiller pour que nous puissions réfléchir et porter des fruits de vie, et donc de joie et de plus d’humanité !
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