Le débat est à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale concernant la nouvelle loi de bioéthique. On a même débattu à ce sujet dans toute la France, un débat que l’on a qualifié de très positif et qui a en tout cas donné l’impression que la démocratie était bien vivante. Mais à voir l’Assemblée clairsemée pour un tel débat, on est en droit tout de même de se poser quelques questions. On parle beaucoup, mais sait-on débattre ? Sait-on confronter les points-de-vue pour en faire jaillir une vision plus claire des choses ? Donne-t-on la parole à tout le monde, mais est-ce possible lorsqu’une Assemblée est si clairsemée ?
Bref, débattre suppose de confronter les opinions, de tolérer des opinions divergentes, de renoncer à la « pensée unique », au dogme du « tout va bien », du « désir individuel tout-puissant », des modes qui font la vérité du moment et des « progrès sociétaux » à jamais inattaquables. Dans ce cas, les libertés qui devraient permettre de dialoguer sereinement sont en pratique difficiles à exercer. Car la tolérance elle-même n’est pas chose simple. Le philosophe Karl Popper ne posait-il pas cette question : « Ne faudrait-il pas revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants » ?
Ce qui veut dire que pour protéger certains droits (par exemple le « droit à l’avortement »), il serait donc nécessaire de restreindre les droits et libertés de ceux qui les contestent et proposent des alternatives. Ainsi des élus ont-ils été harcelés en raison de leur participation à la Marche pour la vie.
Un vrai débat supposerait donc un échange serein, rationnel et constructif, pour de réels choix politiques. Nous n’en sommes pas là dans la plupart des cas : on parle beaucoup mais on s’écoute peu. Le débat est une succession de « monologues collectifs » et non un échange ouvert à des solutions neuves. Ce qu’il faudrait, c’est un dialogue sincère et bienveillant !
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