on ne saurait la reconnaître. » Celui qui a dit cela n’est pas quelqu’un d’aujourd’hui, puisqu’il s’agit de Blaise Pascal ! Et pourtant sa réflexion reste tout à fait valable à notre époque où, le plus souvent, « ma vérité » tient lieu de « la vérité ». Il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour s’en convaincre, et de voir de quels noms d’oiseaux on traite ceux qui ne pensent pas comme pense « ma vérité ». La technologie actuelle donne donc l’impression d’entendre un « bulletin de guerre », la vérité de chacun prétendant être la vérité.
Même les Offices du tourisme s’y mettent. Ainsi, dans une région alpestre parsemée de nombreuses chapelles, un double feuillet format A 4 explique aux touristes qui veulent bien y jeter un coup d’œil, les raisons pour lesquelles, dans une même vallée, il y a 32 chapelles toutes visitables. Lisez plutôt : « Autrefois, les habitants étaient très croyants. Le temps pour relier les villages voisins était plus long, du fait de l’absence de routes en ce temps-là. » Et le document de conclure : « Les gens étaient donc plus isolés, et davantage croyants. » C’est là la vérité de l’Office du tourisme, mais est-ce la vérité ? Pas si sûr.
Pour en avoir le cœur net, il faudrait chercher ailleurs pour trouver sans doute d’autres raisons plus subtiles, plus pertinentes, et ne pas croire trop vite que les croyants n’existent que là où il y a des gens isolés. Mais cette recherche suppose une chose essentielle : pouvoir oser dire ce que l’on pense, pour permettre à « ma vérité » de chacun, par la confrontation à « ma vérité » des autres, de devenir peu à peu la vérité. Mais, comme disait un fin connaisseur des réalités d’aujourd’hui : « quand on commence par ne plus oser dire, on finit par ne plus oser penser ».
« Ma vérité » veut dire que je possède la vérité. La vérité veut dire que je ne la possède jamais, mais que je la cherche toujours… avec d’autres si possible. Un commissaire d’exposition disait ceci : « L’art dira toujours avec un ton de subtilité ou de beauté, la vérité cachée des choses ». C’est une autre manière de dire que la vérité, il faut la chercher sans cesse !
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