mettre à nouveau l’uniforme dans les écoles, dans le but d’éliminer définitivement la discrimination entre riches et pauvres dans l’espace public, au moins scolaire. Autrement dit, cachons ce qui fait nos différences, et cela élimine automatiquement ces différences, puisqu’on ne les voit plus. A tel point qu’un maire est prêt à payer l’uniforme à ceux et celles qui ne sont pas en mesure d’honorer cette charge financière. Et curieusement, ce maire fait payer aux familles les personnes venant aider certains enfants à rattraper leur retard scolaire. Et ça se comprend : le retard scolaire, ça ne se voit pas trop ; la tenue extérieure, ça se voit !
Il y a d’autres domaines où ce besoin de cacher les choses se fait sentir. De tous temps, les hommes ont cherché à cacher leurs émotions, surtout leurs larmes, car c’était un signe de faiblesse : quitte à en devenir malade ! Et bien sûr, il y a un domaine où cette tendance est particulièrement frappante : c’est celui de la mort, qui se cache dans les échecs, la maladie, la souffrance, la vieillesse, et dans ce qui fait sentir une fin, donc une non-maîtrise des événements, une impuissance. Et donc « on exhibe la mort dans les statistiques, et on l’éloigne dans son humanité » dit un sociologue. Cela veut dire qu’on cache les personnes âgées, on cache les cadavres, ou alors on se donne l’illusion de maîtriser l’événement par le suicide assisté.
A ce propos un philosophe parle du syndrome de Don Quichotte : nier la réalité au bénéfice de ses rêves, prendre des moulins à vent pour des géants, prendre des uniformes pour l’égalité, et prendre pour des idiots les scientifiques qui nous mettent en garde contre les effets dramatiques du réchauffement climatique. Arrêtons de jouer à cache-cache : pour résoudre nos problèmes, regardons la réalité en face : voyons ce qu’il faut voir !
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