C’est à moi que vous l’avez fait

Il n'est qu'à regarder les portails de nos cathédrales.

Le tableau que brosse Jésus, nous renvoie à notre vie quotidienne. Étonnement généralisé. Personne n'y a rien vu. Ni les élus, ni les damnés : "Seigneur, quand est-ce nous t'avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? Tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t'avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venu jusqu'à toi ? C'est curieux quand même.

"Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait."
L'homme sera jugé –ou plutôt se jugera lui-même – sur l'amour. À partir du constat "j'ai fait" ou "je n'ai pas fait" sans qu'il y ait besoin de prononcer une sentence, je saurai à l'évidence si je suis du côté des bénis du Père. Ce qui ne m'empêchera pas de m'étonner et de m'extasier sur l'identification de Dieu au "plus petit de ses frères."

"Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la vie éternelle" dit Jésus à Nicodème. Et Paul écrit aux corinthiens : "Le Christ est ressuscité d'entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. … Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous."

Il serait dommage de voir la fin des temps uniquement sous un aspect apocalyptique : la terre et les cieux qui se défont dans un cataclysme effrayant.
Avec le retour du Christ en gloire et en puissance c'est aussi des temps nouveaux et merveilleux qui vont s'ouvrir. Le temps des noces éternelles est commencé et le Christ accueillera sa fiancée, venue à lui toute parée, toute belle, pour aller à sa rencontre.

La fête du Christ, roi de l'univers, est invitation forte à ouvrir les yeux de la foi, les yeux du cœur. À nous réveiller, à sortir de nos routines, de notre confort, de nos timidités, de nos peurs … Une invitation forte à reconnaître le visage du bien aimé, du Christ, dans celui que nous côtoyons chaque jour. Celui que nous appelons "frère" mais qui l'est si peu… Une invitation à reconnaître le visage du Christ sous les traits de celui qui a faim, de celui qui est au chômage, de celui qui est perdu dans la solitude, celui qui a tout perdu dans les inondations, du malade, de l'étranger, du prisonnier, celui qui sort de prison et devant qui toutes les portes se ferment, etc.

Il y a là de quoi bouleverser, révolutionner même, les pratiques sociales, les décisions des assemblées politiques, la vie de nos communautés chrétiennes, et aussi ma vie !