il y a la laïcité à la française, dernièrement il y a eu l’écologie à la française, et il y a même, depuis longtemps d’ailleurs, le « gruyère » à la française qui n’est autre que l’Emmental. Et n’oublions pas non plus ce qu’on pourrait appeler « l’évangile à la française », la chose m’ayant été suggérée par la réaction d’un docte député à l’appel du Pape à Marseille à aimer notre prochain : « L’Evangile nous invite à aimer notre prochain, mais il n’est nullement précisé qu’on doit l’aimer ici, en France ». Autrement dit, si j’ai bien compris la subtilité de cette pensée, ce qui serait épatant, c’est d’aimer un prochain qui ne soit pas proche ! Il me semblait bien que l’expression « à la française » nous renvoyait à une pensée profonde, subtile et ouvrant à un questionnement sans fin !
Bon ! Avouons que le « à la française » a du bon dans certains cas et du moins bon dans d’autres cas. C’est évidemment à chacun de juger. Mais cela me pose tout de même une question : cette expression signifie-t-elle une recherche de singularité, ou au contraire une recherche de supériorité, ce qui est « à la française » voulant dire que c’est mieux que ce qui est « à l’anglaise » par exemple ? Dans ce dernier cas, nous serions alors dans un problème de comparaison, rejoignant en cela des expressions plus anciennes du genre : « y-en-a-point comme nous ».
J’ose espérer que nous n’en sommes pas là, et que les autres, même étranges ou étrangers, ne sont pas des gens considérés comme inférieurs à nous. Devant un tel questionnement, je préfère me taire, sachant que « se taire, c’est écouter, c’est se mettre en relation avec soi et avec d’autres. Qu’est-ce qui reste de moi quand je me tais ? Il reste les autres… » (Prix littéraire de la liberté intérieure : Anne Le Maître, Un si grand désir de silence, Cerf). Et j’ajouterais que, quand on a compris cela, il reste la fraternité à construire.
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