"Un SAINT de la Famille Chevalier…"
SAINT PETER TO ROT
A l’approche de la semaine missionnaire mondiale, nous sommes dans la joie de savoir que le Bienheureux Peter To Rot, grand-oncle, de Mgr Rochus TATAMAÏ va être déclaré « SAINT » par le Pape Léon XIV. Mgr Rochus a envoyé une explication de la photo qui sera dévoilée sur la place St Pierre lors de la canonisation. Je lui laisse la parole :
« Un nouveau portrait du bienheureux Peter To Rot a été dévoilé ce week-end. L'œuvre, créée par l'artiste espagnol de renommée internationale Raul Bersoza Fernandez, sera utilisée lors de la cérémonie de canonisation à Rome le 19 octobre. Lors des béatifications et des canonisations, il est de coutume d'afficher une image du nouveau bienheureux ou saint sur la façade de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, afin que les fidèles puissent voir le visage de ces frères et sœurs qui ont atteint la gloire éternelle et qui intercèdent désormais pour nous. Le portrait de Peter To Rot a été commandé par le vice-postulateur de la cause, le père Tomas Ravaioli, IVE, qui est actuellement directeur de l'Institut liturgique catéchétique.
L'artiste est un peintre espagnol connu pour son style réaliste et ses thèmes religieux. Il a réalisé des œuvres pour les papes Benoît XVI et François, et ses peintures se trouvent dans des églises sur les cinq continents. Il s'est spécialisé dans l'art théologique, représentant souvent des scènes bibliques de l'Ancien et du Nouveau Testament avec un naturalisme saisissant. Aujourd'hui, il est considéré comme l'un des plus grands peintres religieux au monde et a reçu des prix et une reconnaissance dans de nombreux pays.
Les détails clés de la peinture de To Rot sont les suivants :
- Le visage. Il n'existe qu'une seule photographie de Peter To Rot, et c'est sur cette image que l'artiste s'est basé pour réaliser son œuvre. Comme la photo n'est pas très connue, certains peuvent trouver le portrait peu familier ; cependant, il est fort probable qu'il s'agisse de l'apparence exacte de To Rot.
- La Bible dans sa main droite. La Bible est la parole vivante de Dieu, par laquelle il révèle sa volonté. Comme l'a dit saint Jérôme, l'un des premiers pères de l'Église : "Ignorer l'Écriture, c'est ignorer le Christ". L'Écriture et l'Eucharistie étaient la nourriture quotidienne qui soutenait To Rot et lui donnait la force d'affronter le martyre.
- Les alliances de sa main gauche. To Rot a donné sa vie pour défendre le plan originel de Dieu pour le mariage et la famille : l'union fidèle d'un homme et d'une femme, qui dure jusqu'à la mort. Les alliances symbolisent ce dessein divin pour le mariage et la famille : la fidélité jusqu'à la fin.
- La croix du catéchiste. La croix du catéchiste apparaît à la fois sur sa poitrine et sur son laplap (tissu bleu qui entoure la taille de l’homme. Avec la chemise blanche, cela constitue l’uniforme des catéchistes dans leur action pastorale). Des témoins rappellent que pendant la guerre, de nombreux catéchistes ont caché ces croix de peur d'être identifiés par les Japonais. To Rot, lui, a toujours été fier de se montrer comme un fidèle serviteur et n'a jamais caché sa croix. Au contraire, lorsqu'il fut emprisonné, la veille de son martyre, conscient de ce qui l'attendait, il dit à sa jeune épouse Paula : "Apporte-moi le crucifix du catéchiste de la maison". To Rot voulait mourir avec la croix sur la poitrine.
Il ne fait aucun doute que le visage de Peter To Rot deviendra le visage le plus connu de Papouasie-Nouvelle-Guinée dans le monde entier, et nous devons être fiers qu'un fils de notre pays ait acquis une telle renommée grâce à sa fidélité au Christ ».
Saint Peter To Rot
Qu’y a-t-il de commun entre Issoudun, petite ville du cœur de la France, en Berry, et Rakunaï dans le diocèse de Rabaul, sur l’île de Nouvelle Bretagne, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ? Certainement : la découverte de l’amour de Dieu révélé à tous dans le Cœur du Christ. De cette découverte, alors qu’il était séminariste à Bourges, le P. Jules Chevalier en fera la conviction de sa vie. Il a rêvé d’un institut missionnaire qui irait jusqu’au bout du monde (jusqu’à Rakunaï) pour témoigner de cet amour inconditionnel de Dieu à l’égard de tous et de chacun. Indirectement bien sûr, il aura participé à l’a formation du nouveau saint qui s’inscrit au calendrier de l’Église universelle comme exemple à suivre pour que l’annonce de l’Evangile prenne corps tant dans le ministère de catéchiste que dans le sacrement de mariage.
En 1881, le Pape Léon XIII demande aux Missionnaires du Sacré-Cœur, tout juste en train de s’organiser pour la mission, d’envoyer des missionnaires en Mélanésie et Micronésie. Bravant tous les risques pour sa congrégation naissante, Jules Chevalier, répond, comme la Vierge Marie : le oui de la confiance et de l’audace missionnaire. N’a-t-il pas écrit, au début de son carnet de notes intimes : « quand Dieu veut une œuvre, les obstacles, sont pour lui des moyens ». Aujourd’hui, 140 ans après la célébration de la première messe sur l’île de Yule, le Pape Léon XIV canonise le catéchiste Peter To Rot qui n’est autre que le grand-oncle de Mgr Rochus TATAMAÏ MSC, actuel archevêque de Rabaul. Alors qu’il était en mission à Issoudun, le P. Rochus avait évoqué le chemin de sainteté de son parent.
Qui est Peter To Rot ?
En 1995, lors de son deuxième voyage en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Pape Jean-Paul II a déclaré « bienheureux » Peter Ro Rot en raison de sa mort comme martyr de la foi.
Bienheureux Peter To Rot est quelqu’un qui témoigne du Christ, chez lui, comme père de famille, chef de la communauté chrétienne, catéchiste et instituteur. Il est intéressant de noter que son père, Angelo To Puia, chef traditionnel de son village de Rakunaï, lui-même a été baptisé en 1898 à Malagunan par le Père Mesmin Fromm, un des premiers MSC à Rabaul.
Peter To Rot fait partie de la deuxième génération catholique. Né en 1912, baptisé et aussi formé par les MSC. Quand il était petit, il allait fréquemment à la messe et le curé a demandé à son père s’il était d’accord que le jeune Peter To Rot puisse se préparer pour devenir prêtre. Son père a répondu, à ce moment-là, que sa génération n’était pas encore prête, mais il espérait que ce serait pour sa descendance.
Un catéchiste.
En 1930, à 18 ans il est entré l’école des catéchistes à St Paul où il est resté pendant deux ans et demi. En 1933, il est retourné à son village de Rakunaï où il a travaillé comme catéchiste, assistant du curé, instituteur et chef de communauté chrétienne. Il s’est marié en 1936 et cela a ajouté les responsabilités de sa famille.
Un homme pastoral et disponible.
Pendant la deuxième guerre mondiale de 1942 à 1945, quand les Japonais ont envahi l’île de Nouvelle Bretagne, ils ont immédiatement emprisonné tous les missionnaires dans un camp de concentration situé dans la forêt. Ils ont interdit tout enseignement de la religion catholique et ils ont voulu détourner les gens du christianisme.
Peter To Rot a pris aussitôt en charge la vie de sa communauté et il a instruit les chefs de clans et de villages et organisa des groupes de prière dans toutes leurs communautés. Et comme catéchiste, il alla visiter et prier avec les communautés des alentours. Il baptisa les nouveaux nés, fut témoin délégué par l’Eglise pour les mariages en l’absence de prêtres, pria avec les malades et soutint les personnes âgées et s’occupa des orphelins et des veuves, enterra les morts, et il organisa un service chargé de nourrir et de visiter les missionnaires de façon régulière dans le camp de concentration.
Un homme courageux :
Les autorités Japonaises observant sa vie et son travail, l’ont appelé et lui ont interdit d’avoir à l’avenir des activités religieuses. To Rot leur a résisté, et leur a dit qu’il ferait le travail de Dieu et qu’il continuerait d’encourager ses compatriotes à rester fidèles à Dieu.
Les japonais pour gagner la confiance des papous et diviser la communauté chrétienne qui avait été convertie au christianisme quelques années plus tôt, décidèrent de légaliser la polygamie chez les habitants. Peter To Rot s’en alla visiter les communautés des alentours et les encouragea à rester fidèles au Christ et à son enseignement. Quelques-uns de ses compatriotes, le chef de village et son frère aîné ont collaboré, au début, avec les polices locales et n’étaient pas heureux de son opposition à la polygamie. Il a été arrêté par la police japonaise et mis en prison. Les japonais l’ont persuadé d’abandonner sa foi et alors, il pourrait être libéré, sa femme et sa maman ont essayé de le persuader aussi, mais il a insisté disant qu’il resterait fidèle à Dieu et a refusé d’obéir aux Japonais. Il leur a dit qu’il préférait mourir plutôt que de trahir sa foi dans le Christ.
Un homme qui donne sa vie :
Quand il était malade dans la prison, il reçut la visite d’un docteur japonais qui lui fit une injection mortelle et il mourut. C’était en juillet 1945, un mois avant la fin de la guerre. Cependant, immédiatement après sa mort, les gens de l’île l’ont célébré comme catéchiste exemplaire et martyr pour sa foi en Christ.
Le 17 janvier 1995, le Pape Jean Paul II, l’a reconnu et proclamé apôtre de la foi et martyr, le premier autochtone bienheureux de Papouasie Nouvelle Guinée et surtout d’Océanie. Son martyre a inspiré tous les chrétiens de notre jeune Église : il est un signe, un témoignage, et un appel à la sainteté.
Mgr Rochus TATAMAÏ MSC
Archevêque de Rabaul
(Papouasie Nouvelle-Guinée)
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