Un européen avant l'heure

24 novembre 2018

Erasme (Rotterdam 1467-1536) est un pacifiste convaincu, un européen avant l'heure.

François Ier, fasciné par cette figure hors du commun, cherche à l’attirer à la Cour, mais Érasme veut avant tout rester indépendant et refuse toutes ses invitations. Il refuse de soutenir Luther et proclame que l’Europe doit s’unir et que l’Église doit tout faire pour retrouver son unité perdue. En ces temps de scepticisme, de doutes, de critiques à l'encontre de l'Europe, relire Erasme me fait du bien. Il m'apprend à relativiser nos différentes crises actuelles. Avec Erasme, je suis européen dans l'âme. Construire l'Europe est une œuvre de longue haleine. Construire l'Europe, c'est refuser toute forme de nationalisme et d'extrémisme qui conduisent tôt ou tard à des conflits. Imprégnons-nous de sa pensée pour traverser notre européo-scepticisme.

La complainte de la paix
« Tous les livres saints, que ce soit l’ancien ou le nouveau Testament, ne parlent que de paix et de la Concorde et la vie des chrétiens n’est qu’un tissu d’intrigues de guerres.
D’où vient donc cette barbarie plus que sauvage, que tant d’exemples ne peuvent vaincre ni mitiger Que les chrétiens se décident enfin à suivre la doctrine du Christ et à vivre dans la paix qu’elle enseigne, ou, sinon, qu’ils cessent de se glorifier du nom de chrétiens ! Jusqu’à quand leur vie démentira-t-elle la beauté de leur nom Qu’ils ornent autant qu’ils voudront leurs habits et leurs temples du signe de la croix, le Christ n’y reconnaîtra pas le symbole de la paix aussi longtemps que leurs actes le démentiront. (…) C’est une chose singulière de voir, lorsqu’on fait la guerre, la croix brandie dans les rangs des deux armées ennemies. Croix contre croix, Christ contre Christ, prière contre prière. Et pour s’anéantir réciproquement. (…) La croix appartient à celui qui n’a pas vaincu en combattant mais en mourant, qui, dans sa vie, fut un consolateur et non pas un destructeur. Si tu es vraiment chrétien, elle aurait dû avant tout t’avertir, afin que tu saches à quel ennemi tu as affaire et la manière dont tu dois vaincre. Tu portes le symbole du salut en préparant la mort de ton frère et tu perds au nom de la croix celui qui a été sauvé par elle…. » Quelles paroles ! A méditer sans cesse.

Erasmus un signe d'avenir pour la jeunesse européenne
Érasme a milité pour la paix en Europe. Il a voyagé à travers toute l'Europe, le latin étant un peu l'équivalent de l'anglais aujourd'hui. « Le monde entier est notre patrie à tous ». Il est pacifiste envers et contre tout. La discorde sanglante qui divise les Anglais, les Allemands, les Français et les Espagnols lui semble une absurdité. « Pourquoi ces noms stupides nous séparent-ils, puisque le nom de chrétien nous unit »
Alors que nous venons de célébrer le centenaire de l'Armistice de la guerre de 1914-1918, la voix d'Erasme est plus actuelle que jamais. L'un des plus grands humanistes de la Renaissance, clame l'absurdité des égoïsmes nationaux, des America first qui devraient être relégués au passé comme les vieux mots de nos dictionnaires. La mission de tout Européen ne devrait-elle pas toujours insister sur ce first d'abord ce qui unit les peuples, d'abord les valeurs d'humanité, d'abord la dignité de chaque personne humaine.

En l'honneur d'Érasme, le programme européen d'échange pour les étudiants et les enseignants a été appelé Erasmus. Un signe d'espoir pour les générations d'aujourd'hui et du futur.

 

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