Pilate, gouverneur romain ; il a pouvoir de juger, de faire libérer ou condamner. Jésus lui a été livré comme malfaiteur, agitateur, déstabilisateur de l'ordre public. Le premier a tout pouvoir, le second a déjà été bien malmené. Entravé, humilié, mis en état d'infériorité il risque sa vie.
Et dans ce face à face avec Pilate, il y a du même coup, quelque chose de notre face à face avec Jésus ! Car de la même manière que Jésus avait déjà eu l'occasion de demander à ses disciples : "Et vous, qui dites-vous que je suis ?", au gouverneur romain il demande : "dis-tu de toi-même (que je suis roi), ou bien d'autres te l'on dit ?"
Ce qui est en jeu avec le Christ se révélant comme Dieu parmi nous, c'est l'épanouissement de la personne humaine dans la gloire de la résurrection. Chacun, chacune est connu(e) de Dieu par son propre nom, et à chacun et à chacune il est proposé de pouvoir dire "oui" à l'offre de relation personnelle que Dieu fait aux uns comme aux autres. Un "oui" libre, spontané, joyeux.
C'est cela qui constitue dès à présent le "Royaume". Pas un Royaume qui s'exprimerait en société politique parfaite dès maintenant, mais un Royaume des cœurs qui reflète le Royaume d'éternité où Dieu se tient et où il veut que nous nous tenions nous aussi.
Le Christ est roi parce qu'il est rassembleur des forces d'amour dont nos cœurs sont capables.
Le Christ est roi parce qu'il permet que soient organisés en lui, autour de lui, avec lui et par lui de nouveaux modes de relations entre les hommes et entre les hommes et Dieu.
Le Christ est roi, parce qu'il réunit les vivants et les morts dans la lumière de sa résurrection annonciatrice de la nôtre.
Le Christ est roi parce qu'il fait de chacun d'entre nous, à commencer par les plus humbles, des participants possibles à sa gloire, si nous le voulons.
Le Christ est roi, parce qu'il instaure dans les cœurs son Royaume d'amour et de paix, et que celui-ci transparaît déjà dans les œuvres de ceux qui regardent vers lui.
Le Christ est roi parce qu'il donne à chacun de ceux qui le lui demandent la force de lutter contre tout mal qui défigure l'humanité.
Ce roi n'exerce aucune domination. Il continue de traverser nos villes et nos vies juché sur un ânon, comme hier dans les rues de Jérusalem. Il frappe à la porte de nos cœurs, prenant le risque de ne pas y être accueilli. Devant nous, il est aussi nu que devant Pilate, et il nous fait la même proposition : celle d'appartenir à la Vérité.
Connexion