Eloge de la "langue de chez nous"

19 juillet 2023
La "langue de chez nous" n'est-elle pas celle du cœur ?

Je ne sais pas si vous êtes comme moi,

mais l’utilisation de plus en plus fréquente d’expressions anglaises pour donner du relief à nos expressions françaises équivalentes m’agace souverainement. D’autant plus que, dans la plupart des cas, cet anglais préféré au français n’est en fait qu’un anglais très appauvri, destiné uniquement à faire croire que c’est le garant de la réussite matérielle et que cela permet d’avoir l’air glamour. Cela pourrait suggérer que le français serait réservé à une classe pauvre, ignorante et « déclassée » et l’anglais au contraire l’apanage de tous ceux et de toutes celles qui s’embarquent irrésistiblement dans l’ascension des « people ». Par exemple le luxe se vante en anglais, le gros lot de la Loterie est baptisé « My Million », et dans une recherche d’élégance verbale nous employons des traductions de formules anglaises parfaitement fautives comme « faire sens » ou « faire consensus ». Et bien sûr je n’oublie pas des domaines où l’anglais est signe de sérieux, de compétence, comme le domaine de l’informatique, des technologies nouvelles, et de la chanson.


Heureusement, je me console en sachant qu’il y a des écrivains étrangers qui adorent la langue française et écrivent en français. Parmi ceux-ci, je citerai François Cheng, écrivain, académicien, né en Chine, et arrivé en France à l’âge de dix-neuf ans sans parler un mot de notre langue. Il s’est d’ailleurs choisi un prénom qui lui permet de signer ses écrits dans notre langue. François Cheng aime le français et la beauté de sa syntaxe, faisant du français la langue de l’esprit et des émotions. Mais François Cheng n’est pas seul. Il a des compagnons nombreux dans cet amour pour la langue française et que chacun de nous connaît : Leibniz, avec ses Essais de Théodicée ; le prince de Ligne et Casanova avec leurs Mémoires. Il y eut aussi le Roumain Eugène Ionesco, l’Irlandais Samuel Beckett, le Tchèque Milan Kundera, l’Argentin Hector Bianciotti, le poète libanais Salah Stétié et encore le romancier franco-marocain Tahar Ben Jelloun. Tous ont contribué à enrichir notre langue d’œuvres merveilleuses.


Admirer François Cheng et tant de compagnons, c’est comme le dit Christiane Rancé, « nous rappeler combien le Verbe est capable de transport ». Et le verbe peut transporter tout autant des platitudes commerciales que dévoiler ce qui est l’essentiel pour chacune et chacun d’entre nous. Yves Duteil nous le dit dans ce quatrain de sa chanson « La langue de chez nous » :


« Nous dire que là-bas, dans ce pays de neige,
Elle a fait face aux vents qui soufflent de partout
Pour imposer ses mots jusque dans les collèges
Et qu’on y parle encore la langue de chez nous ».

La langue de chez nous a certainement encore de beaux jours devant elle. N’ayons pas peur de l’utiliser pour exprimer nos transports émotionnels, même en chanson ! Car, finalement, c’est la langue du cœur !

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