Consentir à l’imprévisible

Autrement dit, la visite n’est pas certaine, vue la rapidité avec laquelle la situation sanitaire se détériore.
Nous étions presque entrés en « normalité », et voilà que de nombreux signes nous rappellent la fragilité de la situation. Les masques refont leur apparition dans les écoles, et même dans les rues de certaines villes déjà plus touchées que d’autres. A l’étranger (mais pas encore chez nous en France), il y a risque de confinement pour les non-vaccinés. Et sur toutes les chaînes de radio et de télévision revient sans cesse le refrain recommandant de se remettre aux bonnes habitudes du respect des « gestes barrières ». Bref, largement de quoi nourrir un climat d’inquiétude pour l’avenir.
Et ça, nous n’aimons pas beaucoup, habitués que nous sommes à tout prévoir, tout programmer, tout planifier. L’incertain n’est pas notre tasse de thé ! Nous faisons partie de l’humanité post-moderne, dont l’une des caractéristiques est bien décrite par Tugdual Derville dans son livre « 67 recettes de bonheur » : « L’homme postmoderne s’escrime de plus en plus à prévoir. Depuis la révolution industrielle, nous avons pris l’habitude de parler au ‘futur de certitude’, de faire des projets, de les planifier, d’être condamnés à les réussir ». Dans ce contexte, l’imprévu peut venir tout gâcher. La seule certitude que l’on a aujourd’hui, c’est la suivante : comme il va falloir vivre avec le virus, il va aussi falloir vivre avec l’imprévisible, il va falloir consentir à l’imprévu.
C’est en quelque sorte la nouvelle sagesse de vie, nous demandant de continuer à prévoir tout en faisant l’apprentissage de l’imprévu. Nous avons donc à essayer d’accueillir l’incertitude comme une donnée de la vie, et à arrêter de croire que nous maîtrisons tout. Même les prévisions météo sont parfois chamboulées par des événements hors du commun. Et arrêter de vouloir tout maîtriser, c’est se mettre à cultiver l’humilité, maîtresse de vie dans cet apprentissage de l’imprévu.
Tout l’enjeu de la sagesse d’une vie est, de son début à sa fin, de consentir à l’imprévisible. Si à Noël que nous allons bientôt célébrer, nous pouvions redonner vie à cette sagesse, ce serait formidable, car Noël, c’est Dieu qui s’incarne : événement si extravagant et imprévisible que seules des petites gens comme Marie et les bergers ont pu accueillir dans l’humilité, la confiance et la sérénité.