Vous vous rappelez : « c’est pas moi, c’est Eve », et « c’est pas moi, c’est le serpent » ! Et bien, ces jours-ci, en cette période de grève, on a entendu des réflexions semblables : « c’est pas nous, c’est le gouvernement », « c’est pas nous, c’est la SNCF ». Et même un tweet accusait la SNCF d’être sans compassion pour les jeunes de la FRAT qui n’ont pas pu tous aller au pèlé de Lourdes ! Pourquoi la SNCF et pourquoi pas aussi les grévistes ?
Ce qui est drôle dans tout ça, c’est qu’on ne reconnaît plus la responsabilité de nos actes. Comme le dit un livre récent, nous sommes dans la « Génération J’ai le droit » qui est le « droit de s’élever contre » mais sans contre-partie. C’est le symbole même de l’individualisme irresponsable qui colore terriblement notre époque. La liberté devient le droit de faire ce qu’on veut, sans impliquer le devoir de réparer les « pots cassés ». « J’ai le droit de… » est le maître-mot ; « je n’ai pas le devoir de… » est son corollaire ; seuls les autres « ont le devoir de… » est la conséquence.
Un cas typique est la limitation de vitesse : « de quel droit m’impose-t-on une vitesse limitée ? J’ai donc le droit de ne pas la respecter, en espérant par contre que les autres me respectent en respectant cette limitation ». Décidément, Adam et Eve n’ont peut-être pas existé, mais leur histoire a bien existé et existe toujours. Le « ce n’est pas moi, c’est l’autre » est un refrain vieux comme le monde, et malheureusement toujours actuel. « Chacun, à son niveau, est responsable de la vie et de l’avenir de notre société », disent les évêques de France. Et oui, à condition de changer de refrain !
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