Bonne santé au monde

« Nous sommes pris dans une crise qui secoue le monde ; jusqu’au jour où il n’y aura plus de monde, et donc plus de secousses, et par conséquent plus de crises. » De fait, on entend partout dire que le monde va mal. Le climat en danse de joie et n’en fait qu’à sa tête. On continue à préparer les guerres et même à en faire dans l’espoir de trouver la paix. On cherche du sens là où il n’y en a pas : dans les rêves de la drogue, dans les paradis fiscaux, et même dans les suicides assistés ou non ! Et puis le chômage, même réduit, continue à sévir, semant insécurité et peur, car, dit-on,   « il faut bien travailler pour vivre ! »

Alors, en cette fête du 1er mai, fête du travail, faut-il se résigner à cette réflexion qu’« il faut travailler pour vivre » afin de faire en sorte que le monde aille mieux ? C’est vrai qu’il faut travailler pour vivre, et c’est sans doute pour cela que ne pas pouvoir travailler peut pousser au désespoir. Mais il n’est dit nulle part qu’il faille vivre pour travailler. Le grand chirurgien Ambroise Paré l’avait bien compris : il travaillait avant tout pour grandir et faire grandir en humanité. A son roi Charles IX qui lui demandait de le soigner mieux que les gueux, il a répondu : « Sire, je soigne mes gueux comme des rois ». Belle réponse d’un chrétien qui voyait au travers de chaque être humain rencontré l’image de Dieu. Travailler pour vivre et être plus homme, voilà qui serait l’idéal ! Voilà qui peut éventuellement donner des ailes pour construire un monde nouveau dans un monde qui va mal.

Ne pas pouvoir travailler enlève toute dignité à l’homme. Travailler uniquement pour vivre peut abrutir l’homme. Travailler pour créer la vie à l’image de Dieu, voilà qui donne à l’homme sa vraie dignité. Et pour cela, il faudrait nous soucier davantage de l’essentiel, à savoir de la vie. Car, dit un pasteur protestant, « on se préoccupe davantage de durer et d’être en bonne santé que de remplir sa mission » ! Et remplir sa mission, c’est créer la vie d’une manière ou d’une autre.

Il faudrait donc plutôt dire : « L’essentiel, c’est la vie ! » C’est là le message de Jésus mort et ressuscité, message que la fête de Pâques toute récente vient de nous rappeler : « Je suis venu pour que vous ayez la vie en abondance ». A la suite, saint Irénée a osé dire que « la gloire de Dieu, c’était l’homme vivant ». Et la meilleure preuve que l’essentiel, c’est la vie, et non pas d’abord la santé, ce sont les vies remarquables de certains malades et handicapés, « qui deviennent dès lors la santé du monde » !