je ne sais plus à quel saint me vouer ! Ainsi, devant les événements du Moyen-Orient, je m’aperçois que la moindre critique de la politique de l’Etat d’Israël risque de me faire traiter d’antisémite ! Ah ! si nous avions pu rester au grand événement d’il y a quelques semaines, à savoir la lutte contre les punaises de lit : une lutte qui avait renforcé l’unité de la nation, l’Etat se portant au secours de tous les insécurisés. Mais voilà : depuis trois semaines, depuis l’affreux attentat du Hamas en territoire israélien, on a oublié les punaises de lit, on ne sait même pas si le problème a été résolu.
Est-ce un bien , Est-ce un mal ? Toujours est-il que, face aux événements dans la Bande de Gaza, les préoccupations des uns et des autres se sont manifestement déplacées. L’ONU appelle à une trêve humanitaire, le Pape supplie de retrouver des voies de la paix, « sachant qu’aucune guerre ne résout des problèmes », et des foules de plus en plus nombreuses descendent dans la rue, pour manifester leur désaccord devant les bombardements sans retenue tuant des civils et surtout des enfants. Bref, il n’est plus temps de se soucier de punaises de lits, mais plutôt de se demander s’il est encore possible de changer le monde.
Et là, je me suis souvenu qu’un auteur s’était posé la même question en proposant une réponse pleine d’espérance. Cette réponse est dans le titre même de son livre : « Seuls les enfants changent le monde » (Seuil 2023). L’auteur est un journaliste, Jean Birnbaum, qui essaie de faire rimer enfance et espérance. Il prend le contre-pied de tous ceux qui ne veulent plus « faire des enfants pour les faire vivre dans un monde invivable ». Ce livre nous dit cette assurance que « l’enfant maintient ouvert la pluralité des mondes ». Car l’enfant se lance dans la vie, « sentant que rien n’est impossible ».
C’est sans doute le propre des saints, se disant qu’avec Dieu, rien n’est impossible, qu’un monde nouveau peut advenir, où le pardon peut faire entrevoir des lueurs de paix, d’amour et de poésie. J’aime beaucoup ces mots de Saint-Exupéry qui expriment cela à merveille en répondant à de Gaulle en 1943 : « ?Ah?! Général, il n’y a qu’un problème, un seul de par le monde? : rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien. On ne peut vivre de frigidaires, de politique, de bilans et de mots croisés, voyez-vous?! On ne peut plus vivre sans poésie, couleur ni amour.?»
Les enfants peuvent peut-être, en ces temps troublés, nous aider à nourrir cette espérance d’un monde nouveau, en compagnie de tous les saints qui y ont cru !
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