on a souvent entendu ça : « on n’a jamais vu ça » ! Dans les écoles, les rues, les champs, les maisons, toujours ce refrain lancinant et quasi désespérant et même désespéré : « on n’a jamais vu ça » ! Et voici qu’un jour d’accalmie a laissé jaillir un autre cri : « A quand le retour à la vie normale » ? Un cri adressé au Président de la République, aux sauveteurs, aux agents d’assurance, aux proviseurs de lycées, aux aides généreuses venant de toutes parts.
Mais le retour à la vie normale, ça veut dire quoi ? Bien sûr, une telle réaction est légitime et permet d’exprimer notre frustration. Car tous ces événements nous mettent devant une réalité terrible : nous sommes privés de ce qui faisait notre quotidien : la maîtrise de notre agenda, de nos prévisions et de celle de la conduite de nos vies, tout simplement. Le philosophe Karl Popper ne posait-il pas cette question : « Ne faudrait-il pas revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants » ? Ici il faudrait revendiquer le droit de ne pas tolérer les sautes d’humeur de la météo et du climat. Mais on sait bien que ça n’est pas possible.
Alors le souhait du retour à la normale est-il réalisable ? Le tout est de savoir ce qu’est une vie normale. Or, aujourd’hui, il n’est pas certain que construire dans des zones inondables ou dans des couloirs d’avalanches soit quelque chose de normal. Il n’est pas certain que le « métro-boulot-dodo » soit de l’ordre de la normalité ni que prendre l’avion pour ses loisirs soit la meilleure contribution à faire pour gérer la transition énergétique. On pencherait plutôt aujourd’hui pour une vie plus sobre, plus humaine, plus authentique. Cela suppose non seulement d’accepter le changement climatique, mais aussi un changement de mode de vie pour chacune et chacun d’entre nous. Sans doute faudra-t-il encore quelques catastrophes pour nous en persuader.
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